Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/178

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fusion, un génie actif trouve la place qui lui a été assignée par la nature ; au milieu des troubles qu’enfante la guerre, le mérite militaire est la route qui mène à la gloire et à la grandeur. Parmi les dix-neuf tyrans, on ne voyait de sénateur que Tericus ; Pison seul était noble. Le sang de Numa coulait, après vingt-huit générations successives, dans les veines de Calphurnius-Pison[1], qui, lié par les femmes aux plus illustres citoyens, avait le droit de décorer sa maison des images de Crassus et du grand Pompée[2]. Ses ancêtres avaient été constamment revêtus de tous les honneurs que pouvait accorder la république ; et les Calphurniens, seuls des anciennes familles de Rome, avaient échappé à la tyrannie cruelle des Césars. Les qualités personnelles de Pison ajoutaient un nouveau lustre à sa race. L’usurpateur Valens, qui le fit périr, avouait, avec de profonds remords, qu’un ennemi même aurait dû respecter

    « Voilà le glaive que tu as forgé toi-même. » Treb. in ejus vitâ. (Note de l’Éditeur.)

  1. Vos ô Pompilius sanguis ! C’est ainsi que s’exprime Horace, en s’adressant aux Pisons. Voyez l’Art poët. V, 292, avec les notes de Dacier et de Sanadon.
  2. Tacite, Ann., XV, 48. Hist., I, 15. Dans le premier de ces passages, on peut hasarder de changer paterna en materna. Depuis Auguste jusqu’au règne d’Alexandre Sévère, chaque génération a vu un ou plusieurs Pisons revêtus du consulat. Un Pison fut jugé digne du trône par Auguste (Tacite, Annal., I, 13). Un autre fut le chef d’une conspiration formidable contre Néron. Un troisième fut adopté et déclaré César par Galba.