Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Auréole, qui, dédaignant les montagnes de la Rhétie, province stérile et resserrée, passa les Alpes, s’empara de Milan, menaça Rome, et somma Gallien de venir sur le champ de bataille disputer la souveraineté de l’Italie. L’empereur, irrité de l’insulte et alarmé à la vue d’un danger si pressant, développa tout à coup cette vigueur cachée, qui perçait quelquefois à travers l’indolence de son caractère ; et s’arrachant au luxe du palais, il parut en armes à la tête des légions, traversa le , et marcha au-devant de son compétiteur. Le nom défiguré de Pontirole[1] rappelle encore le souvenir d’un pont sur l’Adda, qui, durant l’action, dut être un objet de la plus grande importance pour les deux armées. L’usurpateur fut entièrement défait, et reçut même une blessure dangereuse. Il se sauva dans Milan, qui fut aussitôt assiégé. Le vainqueur fit dresser contre les murailles toutes les machines de guerre connues des anciens. Auréole, incapable de résister à des forces supérieures, et sans espérance d’aucun secours étranger, se représentait déjà les suites funestes d’une rebellion malheureuse.

Sa dernière ressource était de séduire la fidélité

  1. Pons Aureoli, à treize milles de Bergame, et à trente-deux de Milan. Voyez Cluvier, Ital. ant., tom. I, p. 245. Ce fut près de cette place que se livra la bataille de Cassano, où les Français et les Autrichiens combattirent, en 1705, avec tant d’opiniâtreté. L’excellente relation du chevalier de Folard, qui était présent, donne une idée très distincte du terrain. Voyez le Polybe de Folard, tom. III, p. 223-248.