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Clémence et justice de Claude.

De pareils actes de clémence pourraient paraître l’effet de l’ostentation, et font moins connaître le véritable caractère de Claude, qu’une circonstance peu importante en elle-même où ce prince sembla suivre les mouvemens de son propre cœur. Les fréquentes rebellions des provinces avaient rendu presque tous les habitans coupables de lèse-majesté ; presque toutes les propriétés avaient encouru la confiscation, et souvent Gallien avait déployé sa libéralité en distribuant à ses officiers les dépouilles de ses sujets. À l’avènement de Claude, une vieille femme se jeta à ses pieds, lui demandant justice d’un général qui, sous le dernier empereur, avait obtenu une concession arbitraire de son patrimoine. Le général était Claude lui-même, dont la vertu n’avait pas entièrement échappé à la contagion des temps. Le reproche fit rougir le prince ; mais il méritait la confiance que cette infortunée mettait dans son équité : l’aveu de sa faute fut accompagné d’une prompte restitution et de dédommagemens considérables[1].

Il entreprend la réforme de l’armée.

Claude voulait rendre à l’empire son ancienne splendeur. Pour exécuter une entreprise si difficile, il fallait d’abord réveiller dans ses soldats un sentiment d’ordre et d’obéissance. Il leur représenta, avec l’autorité d’un ancien général, que le relâchement de

    être précipités du Capitole. Un officier du revenu public, accusé de malversation, eut les yeux arrachés, tandis que l’on instruisait son procès.

  1. Zonare, l. XII, p. 137.