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Mort d’Auréole.

Le siége de Milan continuait toujours ; Auréole découvrit bientôt que ses artifices avaient servi seulement à élever contre lui un adversaire plus redoutable. Il essaya de proposer à Claude un traité d’alliance et de partage : « Dites-lui, répliqua l’intrépide empereur, que de pareilles offres pouvaient être faites à Gallien ; Gallien les aurait peut-être écoutées patiemment ; il aurait pu accepter un collègue aussi méprisable que lui[1]. » Ce dur refus intimida les assiégés. Le mauvais succès d’une dernière tentative leur ôta toute espérance. Auréole rendit la ville, et fut forcé de se livrer à la discrétion du vainqueur. L’armée le déclara digne de mort ; après une faible résistance, Claude consentit à l’exécution de la sentence. Les sénateurs ne montrèrent pas moins de zèle pour leur nouveau souverain. Ils ratifièrent, peut-être avec des transports sincères, l’élection de Claude ; et comme son prédécesseur avait été leur ennemi personnel, ils exercèrent, sous le voile de la justice, une vengeance sévère contre ses amis et contre sa famille. Triste interprète des lois, le sénat eut la permission d’ordonner le châtiment des coupables ; le prince se réserva le plaisir et le mérite d’obtenir par son intercession une amnistie générale[2].

  1. Hist. Aug., p. 203. Il se trouve dans les divers historiens quelques légères variations concernant les circonstances de la dernière défaite et de la mort d’Auréole.
  2. Aurel.-Victor, in Gallien. Le peuple demanda hautement aux dieux que Gallien fût livré aux supplices de l’enfer. Le sénat condamna, par un décret, ses amis et ses parens à