Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mit fin à un combat sanglant et douteux[1]. Les Goths et les Romains, épuisés par les calamités sans nombre qu’ils avaient réciproquement causées et souffertes pendant une guerre de vingt ans, consentirent à un traité durable et avantageux. Les Barbares le sollicitaient avec empressement ; les légions, auxquelles l’empereur remit prudemment la décision de cette affaire importante, s’empressèrent de le ratifier. Les Goths promirent de fournir aux armées de Rome un corps de deux mille auxiliaires, entièrement composé de cavalerie, à condition qu’ils ne seraient pas troublés dans leur retraite, et qu’on leur accorderait, près du Danube, un marché régulier, pourvu par les soins de l’empereur, mais dont ils feraient les frais. Le traité fut observé par eux avec une fidélité si religieuse, qu’un parti de cinq cents hommes s’étant écarté du camp pour piller, le roi ou général des Barbares fit arrêter leur chef, et le condamna à être percé de dards, comme une victime dévouée à la sainteté de leurs engagemens. Il est assez vraisemblable que les mesures d’Aurélien contribuèrent à entretenir ces dispositions pacifiques. Ce prince avait exigé pour otages les enfans des chefs ennemis. Les fils furent élevés près de sa personne dans la profession des armes ; il donna aux jeunes filles une éducation romaine ; et en les mariant à quelques-uns de ses principaux officiers, il unit in-

  1. Zosime, l. I, p. 45.