Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/211

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renoncé à l’obéissance de l’empire, ces Romains dégénérés continuèrent à le servir, en introduisant parmi leurs nouveaux maîtres les premières notions de l’agriculture, les arts utiles et les commodités de la vie civilisée. La Dacie, devenue indépendante, fut souvent son plus ferme rempart contre les invasions des Sauvages du Nord ; et les rives opposées au Danube se trouvèrent insensiblement liées par des rapports de commerce et de langage. À mesure que les Barbares se fixaient dans leurs nouveaux domaines, un sentiment d’intérêt les attachait à l’alliance de Rome ; et l’intérêt, lorsqu’il est permanent, produit souvent une amitié sincère et utile. Les différentes tribus qui occupèrent l’ancienne Dacie, formèrent insensiblement une grande nation. Les Goths conservèrent toujours parmi elles la supériorité du rang et de la gloire : tous ces peuples réunis prétendirent à l’honneur imaginaire de descendre des Scandinaves. L’heureuse ressemblance du nom de Gètes servit à la fois leur crédulité et leur vanité : ils se persuadèrent que, dans des temps très-reculés, leurs ancêtres, déjà maîtres de ces régions, avaient reçu de Zamolxis le bienfait des lumières, et qu’ils avaient

    de la langue latine, et se sont vantés, dans tous les siècles, d’être descendus des Romains. Ils ne se sont pas mêlés avec les Barbares, dont ils sont entourés de tous côtés. Voyez un Mémoire de M. d’Anville, sur l’ancienne Dacie, Mém. de l’Académie, t. XXX.