Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/219

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plus solide. Sous les successeurs de Romulus, les sept collines de Rome avaient été entourées d’une muraille de plus de treize milles de circonférence[1]. Cette enceinte paraît peut-être bien vaste, comparée à la force et à la population de l’état dans son enfance ; mais les premiers habitans de Rome avaient besoin de défendre une grande étendue de pâturages et de terres labourables contre les incursions fréquentes et subites des peuples du Latium, leurs ennemis perpétuels. À mesure que la grandeur romaine s’éleva, la ville et le nombre des habitans devinrent plus considérables ; insensiblement tout le terrain fut occupé, les anciens murs ne servirent plus de limites, de superbes édifices couvrirent le champ de Mars, et des faubourgs magnifiques, bâtis sur toutes les avenues, annoncèrent la capitale de l’univers[2]. L’opi-

  1. Pline, Hist. nat., III, 5. Pour appuyer cette observation, examinons l’état de la ville dans le temps de la république. Le mont Célien fut pendant long-temps un bois de chênes, et le mont Viminal était couvert d’osiers. Dans le 4e siècle, le mont Aventin était une retraite solitaire sans habitation ; jusqu’au règne d’Auguste, le mont Esquilin fut un terrain malsain, destiné à enterrer les morts ; et les nombreuses inégalités que les anciens remarquaient sur le mont Quirinal, prouvent qu’il n’était pas couvert de bâtimens. Des sept collines, le Capitole et le mont Palatin seulement, avec les vallées adjacentes, furent occupés par les premiers habitans de Rome. Ce sujet demanderait une dissertation.
  2. Exspatiantia tecta multas addidere urbes. Telle est l’expression de Pline.