Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/25

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d’esprit que l’on découvre rarement dans les méprisables ou extravagans systèmes de la superstition. Le jeûne et le célibat lui semblent odieux ; il condamne ces moyens si ordinaires d’acheter la faveur divine : selon lui, il n’est point de plus grand crime que de dédaigner ainsi les dons précieux d’une providence bienfaisante. La religion des mages ordonne à l’homme pieux d’engendrer des enfans, de planter des arbres utiles, de détruire les animaux nuisibles, d’arroser le sol aride de la Perse, et de travailler à l’œuvre de son salut en cultivant la terre. On trouve dans le Zend-Avesta une maxime dont la sagesse doit faire oublier un grand nombre d’absurdités que ce livre renferme. « Celui qui sème des grains avec soin et avec activité, amasse plus de mérites que s’il avait répété dix mille prières[1]. »

Tous les ans on célébrait au printemps une fête destinée à rappeler l’égalité primitive, et à représenter la dépendance réciproque du genre humain. Les superbes monarques de la Perse se dépouillaient de leur vaine pompe, et, environnés d’une grandeur plus véritable, ils paraissaient confondus dans la classe la plus humble, mais la plus utile de leurs sujets. Les laboureurs étaient alors admis sans distinction à la table du roi et des satrapes : le souverain recevait leurs demandes, écoutait leurs plaintes, et conversait familièrement avec eux. « C’est à vos travaux,

  1. Zend-Avesta, tome I, p. 224 ; et Précis du système de Zoroastre, tom. III.