Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/282

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mes ; la nature donnait toujours aux peuples nés sur la frontière du Rhin et du Danube, des âmes et des corps capables de résister aux fatigues des camps. Mais une suite perpétuelle de guerres en avait insensiblement diminué le nombre. Les mariages devenaient plus rares, l’agriculture était entièrement négligée : ces causes, qui affectent les principes de la population, non-seulement détruisaient la force actuelle de ces contrées, elles étouffaient encore l’espoir des générations futures. Le sage Probus conçut le projet grand et utile de ranimer les frontières épuisées, en y introduisant de nouvelles colonies de Barbares prisonniers ou fugitifs, auxquels il accorda des terres, des troupeaux, les instrumens propres à la culture, et tous les encouragemens capables de former une race de soldats pour le service de la république. Il transporta un corps considérable de Vandales en Bretagne, selon toutes les apparences, dans la province de Cambridge[1]. L’impossibilité de s’échapper accoutuma ces nouveaux habitans à leur situation ; et dans les troubles qui, par la suite, déchirèrent le sein de cette île, ils se montrèrent les plus zélés défenseurs de l’état[2]. Un grand nombre de Francs et de Gépides furent établis sur les rives du Rhin et du Danube ; cent mille Bastarnes,

  1. Britannia, de Camden, introduction, p. 136 ; mais il est appuyé sur une conjecture bien douteuse.
  2. Zosime, l. I, p. 62. Selon Vopiscus, un autre corps de Vandales fut moins fidèle.