Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/283

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chassés de leur patrie, acceptèrent avec joie un établissement dans la Thrace : bientôt ils adoptèrent les sentimens et les mœurs des sujets romains[1]. Mais les espérances de Probus furent souvent trompées : des Barbares inquiets, élevés dans l’oisiveté, ne pouvaient se résoudre à mener une vie sédentaire ; leurs bras se refusaient aux travaux lents de l’agriculture ; ils conservaient pour l’indépendance un amour indomptable. Cet esprit de liberté, luttant sans cesse contre le despotisme, les précipita dans des révoltes également fatales à eux-mêmes et aux provinces[2]. Malgré les efforts des empereurs suivans, jamais ces moyens artificiels ne purent rendre à la frontière importante de la Gaule et de l’Illyrie cette ancienne vigueur qu’elle tenait de la nature.

Entreprise hardie des Francs.

De tous les Barbares qui abandonnèrent leurs nouveaux établissemens et qui troublèrent la tranquillité publique, quelques-uns, en très-petit nombre, retournèrent dans leur pays natal. Ces fugitifs pouvaient bien errer pendant quelque temps, les armes à la main, au milieu de l’empire ; mais ils succombaient à la fin sous la puissance d’un empereur belliqueux. La hardiesse heureuse d’un parti de Francs eut des suites si mémorables, qu’elle ne doit pas être passée sous silence. Probus les avait établis sur la côte maritime du Pont, dans la vue de

  1. Hist. Aug., p. 240. Ils furent probablement chassés par les Goths. Zosime, l. I, p. 66.
  2. Hist. Aug., p. 240.