Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/30

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scrivit, par un arrêt rigoureux, l’exercice de tout culte, excepté celui de Zoroastre. Les temples des Parthes, et les statues de leurs monarques qui avaient reçu les honneurs de l’apothéose, furent renversés avec ignominie[1]. On brisa facilement l’épée d’Aristote[2], nom que les Orientaux avaient imaginé pour désigner le polythéisme et la philosophie des Grecs. Les flammes de la persécution enveloppèrent les Juifs et les chrétiens[3] les plus attachés à leurs dogmes : elles n’épargnèrent pas même les hérétiques de la nation ; la majesté d’Ormuzd, qui ne pouvait reconnaître de rival, fut secondée par le despotisme d’Artaxercès, qui ne pouvait souffrir de rebelles, et les schismatiques furent bientôt réduits au nombre de quatre-vingt mille, nombre peu considérable pour un si vaste empire[4]. Cet esprit de persécution déshonore le culte de Zoroastre ; mais comme il ne produisit aucune dissension civile, il servit à resserrer les liens de la nouvelle monarchie, en rassemblant tous les habitans de la Perse sous les bannières d’une même religion.

  1. Comparez Moïse de Chorène, l. II, c. 74, avec Ammien-Marcellin, XXIII, 6. Je ferai usage par la suite de ces passages.
  2. Rabbi, Abraham, dans le Tarickh-Schickard, p. 108, 109.
  3. Basnage, Histoire des Juifs, 1, VIII, c. 3. Sozomène, l. II, c. 1. Manès, qui souffrit une mort ignominieuse, peut être regardé comme hérétique de la religion des mages aussi bien que comme hérétique de la religion chrétienne.
  4. Hyde, De rel. Pers., c. 21.