Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/300

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des danseurs, des courtisanes, et tout le cortège du vice et de la folie. Un huissier[1] obtint le gouvernement de la ville. À la place du préfet du prétoire, qui fut mis à mort, Carin substitua l’un des ministres de ses plaisirs les plus dissolus. Un autre qui avait les mêmes droits à sa faveur, ou qui l’avait obtenue par un moyen encore plus infâme, reçut les honneurs du consulat. Enfin, un secrétaire de confiance, très-habile dans l’art de contrefaire les écritures, fut chargé, par l’indolent empereur, de le délivrer du devoir pénible de signer son nom. Lorsque Carus avait entrepris la guerre de Perse, la politique et sa tendresse pour sa famille, dont il voulait assurer la fortune, l’avaient engagé à laisser entre les mains de l’aîné de ses fils, les armées et les provinces de l’Occident. La nouvelle qu’il reçut bientôt de la conduite de Carin, lui causa les regrets les plus vifs. Pénétré de douleur et de honte, le vieil empereur ne cacha point la résolution où il était de satisfaire la république par un acte sévère de justice, d’éloigner du trône un fils indigne, qui en dégradait la majesté, et d’adopter le brave et vertueux Constance, alors gouverneur de la Dalmatie[2]. Mais l’élévation de cet illustre général fut

  1. Cancellarius. Ce mot, si humble dans son origine, est devenu, par un hasard singulier, le titre de la première place de l’état dans les monarchies de l’Europe. Voy. Casaubon et Saumaise, ad Hist. Aug., p. 253.
  2. Carus se désolait de ce que son fils Numérien était encore trop jeune pour qu’il pût lui confier, à la place de