Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/302

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fêtes brillantes étaient toutes surpassées par la magnificence du fils de Carus[1].

Spectacles de Rome.

On peut se former une idée des spectacles de Carin, en considérant quelques particularités que l’on trouve dans l’histoire concernant les jeux donnés par ses prédécesseurs. Si nous nous bornons aux chasses de bêtes sauvages, quelque blâmable que nous paraisse la vanité du dessein, ou la cruauté de l’exécution, nous serons forcés de l’avouer, jamais avant ni depuis les Romains, l’art n’a fait des efforts si prodigieux ; jamais on n’a dépensé des sommes si excessives pour l’amusement du peuple[2]. Sous le règne de Probus, de grands arbres, transplantés au milieu du cirque, avec leurs racines, formèrent une vaste forêt, qui fut tout à coup remplie de mille autruches, de mille daims, de mille cerfs et de mille sangliers, et tout ce gibier fut abandonné à l’impétuosité tumultueuse de la multitude. La tragédie du jour suivant consista dans un massacre de cent lions, d’autant de lionnes, de deux cents léopards, et de trois cents ours[3]. Les animaux que le jeune Gordien avait destinés à son triomphe, et qui parurent aux jeux séculaires de son successeur, étaient

  1. Voyez Calphurnius, éclog. VII, 43. Nous pouvons observer que les spectacles de Probus étaient encore récens, et que le poète est secondé par l’historien.
  2. Le philosophe Montaigne (Essais, l. 3, c. 6) donne une idée très-juste et très-agréable de la magnificence romaine dans ces spectacles.
  3. Vopiscus, Hist. Aug., p. 240.