Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/303

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moins remarquables par le nombre que par la singularité. Vingt zèbres déployèrent aux yeux du peuple romain leurs formes élégantes et la beauté de leur robe, brillante de différentes couleurs[1]. Dix élans et autant de giraffes, les plus doux et les plus grands des animaux qui errent dans les plaines de la Sarmatie et dans celles de l’Éthiopie, contrastaient avec trente hyènes d’Afrique, et dix tigres de l’Inde, les créatures les plus féroces de la zone torride. La force peu dangereuse dont la nature a doué les plus grands des quadrupèdes, fut admirée dans le rhinocéros, dans l’hippopotame du Nil[2], et dans une troupe majestueuse de trente-deux éléphans[3]. Tandis que la populace contemplait avec une surprise stupide ce magnifique spectacle, le naturaliste pouvait observer la figure et les caractères de tant d’espèces différentes, transportées de toutes les par-

  1. On leur donna le nom d’onagri ; mais le nombre est trop petit pour qu’il ne soit question que d’ânes sauvages. Cuper (De elephantis exercitat, II, 7) a prouvé, d’après Oppien, Dion et un Grec anonyme, que l’on avait vu des zèbres à Rome. Ces animaux venaient de quelque île de l’Océan, peut-être de Madagascar.
  2. Carin donna un hippopotame. (Voyez Calphurnius, eclog. VII, 66). Auguste avait autrefois exposé trente-six crocodiles ; je ne vois pas qu’il en ait paru dans les spectacles donnés depuis ce prince. (Dion-Cassius, l. LV, p. 781.)
  3. Capitolin, Hist. Aug., p. 164, 165. Nous ne connaissons pas les animaux qu’il appelle archeleontes ; quelques-uns disent argoleontes, d’autres agrioleontes. Ces deux corrections sont ridicules.