Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/305

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s’élevant par quatre ordres d’architecture à la hauteur de cent quarante pieds[1]. L’extérieur était revêtu de marbre, et décoré de statues. Dans le contour de la vaste enceinte qui formait l’intérieur, on avait disposé soixante ou quatre-vingts rangs de siéges, aussi de marbre, couverts de coussins, et capables de recevoir commodément plus de quatre-vingt mille spectateurs[2]. La multitude arrivait en foule par soixante-quatre entrées (en latin vomitoria, nom propre à désigner de pareilles portes). Les issues, les passages, les escaliers, avaient été si habilement construits, que chaque personne, sénateur, chevalier ou plébéien, se rendait sans confusion à la place qui lui était destinée[3] ; on n’avait rien omis de ce qui pouvait contribuer au plaisir ou à la commodité des spectateurs. Une vaste tente, déployée

  1. Maffei, l. II, c. 2. La hauteur a été beaucoup trop exagérée par les anciens. Elle touchait presque les cieux, selon Calphurnius (eclog. VII, 23), et elle surpassait la portée de la vue de l’homme, selon Ammien-Marcellin (XVI, 10). Mais que cette hauteur était peu considérable, si on la compare avec celle de la grande pyramide d’Égypte, qui s’élevait à cinq cents pieds en ligne perpendiculaire !
  2. Selon les différentes copies de Victor, nous lisons soixante-dix-sept mille ou quatre-vingt-sept mille spectateurs ; mais Maffei (l. II, c. 12) ne trouve place sur les siéges découverts que pour trente-quatre mille ; le reste se tenait dans les galeries couvertes du haut.
  3. Voyez Maffei, l. II, c. 5-12. Il traite un sujet si difficile avec toute la clarté possible, et en architecte aussi-bien qu’en antiquaire.