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ces événemens particuliers sont peu importans par eux-mêmes, nous ne parlerons ici que des calamités auxquelles furent souvent exposées deux des principales villes de l’Orient, Séleucie et Ctésiphon.

Séleucie et Ctésiphon.

Séleucie, bâtie sur la rive occidentale du Tigre, à quinze lieues environ au nord de l’ancienne Babylone, était la capitale des Macédoniens, dans la Haute-Asie[1]. Plusieurs siècles après la chute de leur empire, cette ville avait conservé le véritable caractère de ses fondateurs : on y retrouvait encore les arts, le courage militaire et l’amour de la liberté qui distinguaient les colonies grecques. Un sénat, composé de trois cents nobles, gouvernait cette république indépendante. Six cent mille citoyens y vivaient tranquillement à l’abri de leurs remparts fortifiés ; et tant que les différens ordres de l’état demeurèrent unis, ils n’eurent que du mépris pour la puissance des Parthes. Mais quelquefois d’insensés factieux implorèrent le secours dangereux de l’ennemi commun, qu’ils voyaient posté presque aux portes de la ville[2]. Les souverains des Parthes se plaisaient, comme les monarques de l’In-

  1. Pour connaître la situation exacte de Babylone, de Séleucie, de Ctésiphon, de Modain et de Bagdad, villes souvent confondues l’une avec l’autre, voyez une excellente dissertation de M. d’Anville, Mémoires de l’Académie, tom. XXX.
  2. Tacite, Ann., XI, 42 ; Pline, Hist. nat., VI, 26.