Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/36

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doustan, à mener la vie pastorale des Scythes leurs ancêtres. Ils campaient souvent dans la plaine de Ctésiphon, sur la rive orientale du Tigre, à la distance seulement de trois milles de Séleucie[1]. Le luxe et le despotisme attiraient autour du prince une foule innombrable ; et le petit village de Ctésiphon devint insensiblement une grande ville[2]. Les Romains, sous le règne de Marc-Aurèle, pénétrèrent jusque dans ces contrées. [A. D. 165.]Reçus en amis par la colonie grecque, ils attaquèrent, les armes à la main, le siége de la grandeur des Parthes. Les deux villes éprouvèrent cependant le même traitement. Les Romains flétrirent leurs lauriers[3] par le pillage de Séleucie et par le massacre de trois cent mille

  1. C’est ce que l’on peut inférer de Strabon, l. VI, p. 743.
  2. Bernier, ce voyageur curieux qui suivit le camp d’Aurengzeb depuis Delhi jusqu’à Cachemire (Voyez Hist. des Voyages, tom. X), décrit avec une grande exactitude cette immense ville mouvante. Les gardes à cheval consistaient en trente-cinq mille hommes, les gardes à pied en dix mille. On compta que le camp renfermait cent cinquante mille chevaux, mulets et éléphans, cinquante mille chameaux, cinquante mille bœufs, et entre trois et quatre cent mille personnes. Presque tout Delhi suivait la cour, dont la magnificence soutenait l’industrie de cette grande capitale.
  3. Dion, l. LXXI, p. 1178 ; Histoire Auguste, p. 38. Eutrope, VIII, 10. Eusèbe, in Chron. Quadratus (cité dans l’Histoire Auguste ) entreprend d’excuser les Romains, en assurant que les habitans de Séleucie s’étaient d’abord rendus coupables de trahison