Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/393

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titre d’Auguste[1]. Le droit de préséance et les honneurs dus à l’âge, furent accordés au premier de ces princes. Il gouverna sous une nouvelle dénomination son ancien département, la Gaule, l’Espagne et la Bretagne. L’administration de ces vastes provinces suffisait pour exercer ses talens et pour satisfaire son ambition. La modération, la douceur et la tempérance, caractérisaient principalement cet aimable souverain, et ses heureux sujets avaient souvent occasion, d’opposer les vertus de leur maître aux passions violentes de Maximien, et même à la conduite artificieuse de Dioclétien[2]. Au lieu d’imiter le faste et la magnificence asiatique qu’ils avaient introduits dans leurs cours, Constance conserva la modestie d’un prince romain. Il disait avec sincérité que son plus grand trésor était dans le cœur de ses peuples, et qu’il pouvait compter sur leur libéralité et sur leur reconnaissance toutes les fois que la dignité du trône et que les dangers de l’état exigeraient quelque secours extraordinaire[3]. Les habitans de la Gaule,

  1. M. de Montesquieu (Considérations sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains, c. 17) suppose, d’après l’autorité d’Orose et d’Eusèbe, que dans cette occasion l’empire fut réellement divisé, pour la première fois, en deux parties. Cependant il serait difficile de découvrir en quoi le plan de Galère différait de celui de Dioclétien.
  2. Hic, non modò amabilis, sed etiam venerabilis Gallis fuit, præcipuè quod Diocletiani suspectam prudentiam, et Maximiani sanguinariam violentiam imperio ejus evaserant. (Eutrope, Breviar., X, I.)
  3. « Divitiis provincialium (mel. provinciarum) ac priva-