Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/43

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confluent artificiel du Tigre et de l’Euphrate[1], elle se trouva environnée de troupes supérieures en nombre, et les flèches de l’ennemi la détruisirent entièrement. La seconde armée se flattait de pouvoir pénétrer dans le cœur de la Médie. L’alliance de Chosroès, roi d’Arménie[2], lui en facilitait l’entrée ; et les montagnes, dont tout le pays est couvert, la mettaient à l’abri des attaques de la cavalerie persane. Les Romains ravagèrent d’abord les provinces voisines, et leurs premiers succès semblent excuser, en quelque sorte, la vanité de l’empereur ; mais la retraite de ces troupes victorieuses fut mal dirigée, ou du moins malheureuse. En repassant les montagnes, les fatigues d’une route pénible et le froid rigoureux de la saison firent périr un grand nombre de soldats. Tandis que ces deux grands détachemens marchaient en Perse par les extrémités opposées, Alexandre, à la tête du principal corps d’armée, devait les soutenir en se portant au centre du royaume. Ce jeune prince, sans expérience, dirigé par les conseils de sa mère, ou peut-être par sa propre timidité, trompa la valeur de ses soldats, et

  1. M. de Tillemont a déjà observé que la géographie d’Hérodien est un peu confuse.
  2. Moïse de Chorène (Hist. d’Arménie, l. II, c. 71) explique cette invasion de la Médie, en avançant que Chosroès, roi d’Arménie, défit Artaxercès, et qu’il le poursuivit jusqu’aux confins de l’Inde. Les exploits de Chosroès ont été exagérés : ce prince agissait comme un allié dépendant des Romains.