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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/44

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renonça aux plus belles espérances. Après avoir passé l’été en Mésopotamie dans l’inaction, il ramena honteusement à Antioche une armée que les maladies avaient considérablement diminuée, et qu’irritait le mauvais succès de cette expédition. La conduite d’Artaxercès avait été bien différente. Volant avec rapidité des montagnes de la Médie aux marais de l’Euphrate, ce prince se montra partout où sa présence paraissait nécessaire ; il repoussa lui-même l’ennemi ; et toujours supérieur à la fortune, il joignit à la plus grande habileté le courage le plus intrépide. Mais les combats opiniâtres qu’il eut à soutenir contre les vétérans des légions romaines lui coûtèrent l’élite de ses troupes : ses victoires même l’avaient épuisé. L’absence d’Alexandre, et la confusion qui suivit la mort de cet empereur, offraient en vain une nouvelle carrière à son ambition. Loin de chasser les Romains du continent de l’Asie, comme il le prétendait, il se trouva hors d’état de leur arracher la petite province de Mésopotamie[1].

Caractère et maximes d’Artaxercès. A. D. 240.

Le règne d’Artaxercès, qui, depuis la dernière défaite des Parthes, gouverna la Perse pendant quatorze ans, forme une époque mémorable dans les annales de l’Orient et même dans l’histoire de Rome. Son caractère semble avoir eu une expression forte et hardie qui distingue généralement le prince qui

  1. Voyez, pour le détail de cette guerre, Hérodien, l. VI, p. 209, 212. Les anciens abréviateurs et les compilateurs modernes ont aveuglément suivi l’Histoire Auguste.