Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/431

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à espérer de Licinius, il se flattait que les légions d’Illyrie, séduites par ses présens et par ses promesses, abandonneraient l’étendard de leur maître, et viendraient se mettre au rang de ses sujets et de ses soldats[1]. Constantin n’hésita pas plus long-temps : il avait délibéré avec circonspection, il agit avec vigueur. Le sénat et le peuple de Rome lui avaient envoyé des ambassadeurs pour le conjurer de les délivrer d’un cruel tyran ; il leur donna une audience particulière ; et, sans écouter les timides représentations de son conseil, il résolut de prévenir son adversaire, et de porter la guerre dans le cœur de l’Italie[2].

Préparatifs.

L’entreprise ne présentait pas moins de dangers que de gloire. Le malheureux succès des deux premières invasions suffisait pour inspirer les plus sérieuses alarmes. Dans ces deux guerres, les vétérans qui respectaient le nom de Maximien, avaient embrassé la cause de son fils. L’honneur ni l’intérêt ne

  1. Zosime, l. II, p. 84, 85 ; Nazarius, Paneg., X, 7-13.
  2. Voyez Paneg. vet., IX, 2. Omnibus ferè tuis comitibus et ducibus non solùm tacitè mussantibus, sed etiam apertè timentibus, contra concilia hominum, contra haruspicum monita, ipse per temet liberandæ urbis tempus venisse sentires. Zonare (l. XIII) et Cedrenus (in Compend. Hist., p. 270) sont les seuls qui parlent de cette ambassade des Romains ; mais ces Grecs modernes étaient à portée de consulter plusieurs ouvrages qui depuis ont été perdus, et parmi lesquels nous pouvons compter la Vie de Constantin, par Praxagoras. Photius, p. 63, a fait un extrait assez court de cet ouvrage.