Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/432

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leur permettaient pas alors de penser à une seconde désertion. Maxence, qui regardait les prétoriens comme le plus ferme rempart de son trône, les avait reportés au nombre que leur avait assigné l’ancienne institution. Ces soldats composaient, avec les autres Italiens qui étaient entrés au service, un corps formidable de quatre-vingt mille hommes. Quarante mille Maures et Carthaginois avaient été levés depuis la réduction de l’Afrique. La Sicile même envoya des troupes. Enfin, l’armée de Maxence se montait à cent soixante-dix mille fantassins et dix-huit mille chevaux. Les richesses de l’Italie fournissaient aux dépenses de la guerre, et les provinces voisines furent épuisées pour former d’immenses magasins de blé et de provisions de toute espèce. Les forces réunies de Constantin ne consistaient que dans quatre-vingt-dix mille hommes de pied et huit mille de cavalerie[1]. Comme, durant l’absence de l’empereur, la défense du Rhin exigeait une attention extraordinaire, à moins qu’il ne sacrifiât la sûreté publique à ses querelles particulières, il ne pouvait mener en Italie plus de la moitié de ses troupes[2].

  1. Zosime, l. II, p. 86, nous donne ces détails curieux sur les forces respectives des deux rivaux : il ne parle point de leurs armées navales. On assure cependant (Panegyr. vet., IX, 25) que la guerre fut portée sur mer aussi-bien que sur terre, et que la flotte de Constantin s’empara de la Sardaigne, de la Corse et des ports de l’Italie.
  2. Panegyr. vet., IX, 3. Il n’est pas surprenant que l’orateur diminue le nombre des troupes avec lesquelles son