Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/453

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cinius[1]. À ces victimes innocentes et illustres de sa tyrannie, nous pouvons ajouter la femme et la fille de Dioclétien. Ce prince, en donnant à Galère le titre de César, lui avait accordé en mariage sa fille Valérie, dont les aventures funestes pourraient devenir le sujet d’une tragédie fort intéressante. [Sort infortuné de l’impératrice Valérie et de sa mère.]Elle avait rempli et même surpassé les devoirs d’une femme. Comme elle n’avait point d’enfans, elle avait bien voulu adopter le fils illégitime de son mari, et avait constamment montré pour l’infortuné Candidianus la tendresse et les soins d’une véritable mère. Lorsque Galère eut rendu les derniers soupirs, les biens immenses de sa veuve irritèrent l’avarice de son successeur Maximin, et les attraits de sa personne excitèrent les désirs de ce prince[2]. Il était alors marié ; mais les lois romaines permettaient le divorce, et les passions violentes du tyran demandaient une prompte

  1. Lactance, De morte persec., c. 50. Aurel.-Victor remarque, en passant, la différence avec laquelle Licinius et Constantin usèrent de la victoire.
  2. Maximin satisfaisait ses appétits sensuels aux dépens de ses sujets ; ses eunuques, qui enlevaient les femmes et les vierges, examinaient avec une curiosité scrupuleuse leurs charmes les plus secrets, de peur que quelque partie de leur corps ne fût pas trouvée digne des embrassemens du prince. La réserve et le dédain étaient regardés comme des crimes de trahison ; et le tyran faisait noyer celles qui refusaient de se rendre à ses désirs. Il avait introduit insensiblement cette coutume, que personne ne se mariât sans la permission de l’empereur, ut ipse in omnibus nuptiis prægustator esset. (Lactance, De morte persec., c. 38.)