Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/456

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flatteuses succédèrent bientôt la surprise et l’horreur ; et les exécutions qui ensanglantèrent le palais de Nicomédie, apprirent à l’impératrice que le trône de Maximin était occupé par un tyran encore plus barbare. Valérie pourvut à sa sûreté par la fuite ; et, toujours accompagnée de sa mère Prisca, elle erra pendant plus de quinze mois dans les provinces de l’empire[1], revêtues toutes les deux de l’habillement le plus commun. Elles furent enfin découvertes à Thessalonique ; et, comme la sentence de mort avait déjà été prononcée, elles eurent aussitôt la tête tranchée, et leurs corps furent jetés dans la mer. Le peuple contemplait avec effroi et avec étonnement ce triste spectacle ; mais la crainte qu’inspirait une garde nombreuse, étouffa sa douleur et son indignation. Telle fut la cruelle destinée de la femme et de la fille de Dioclétien. Nous déplorons leurs infortunes ; nous ne pouvons découvrir quels furent leurs crimes ; et, quelque juste idée que l’on se forme de la cruauté de Licinius, il paraît toujours surprenant qu’il ne se soit pas contenté d’assurer sa vengeance d’une manière plus secrète et plus décente[2].

  1. « Valeria quoque per varias provincias quindecim mensibus plebeio cultu pervagata. » (Lactance, De morte persec., c. 51). On ne sait si les quinze mois doivent être comptés du moment de son exil ou de celui de son évasion. L’expression de pervagata semble nous déterminer pour le dernier sens. Mais alors il faudrait supposer que le traité de Lactance a été composé après la première guerre civile entre Licinius et Constantin. Voyez Cuper, p. 254.
  2. Ita illis pudicitia et conditio exitio fuit (Lactance, De