Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mes filaient elles-mêmes une sorte de toile grossière dont elles se servaient[1]. Le gibier de toute espèce, dont les forêts étaient remplies, procurait à ces peuples une nourriture abondante et le plaisir de la chasse[2]. De nombreux troupeaux, moins remarquables, il est vrai, par leur beauté que par leur utilité[3], formaient leurs principales richesses. Leur contrée ne produisait que du blé ; on n’y voyait ni vergers, ni prairies artificielles ; et comment l’agriculture se serait-elle perfectionnée dans un pays où, tous les ans, une nouvelle division de terres labourables occasionnait un changement universel dans les propriétés, et dont les habitans, attachés à cette coutume singulière, laissaient en friche, pour éviter toute dispute, une grande partie de leur territoire[4]?

Et des métaux.

L’argent, l’or et le fer, étaient extrêmement rares en Germanie, Les naturels n’avaient ni la patience, ni le talent nécessaires pour tirer du sein de la terre ces riches veines d’argent qui depuis ont récompensé si libéralement les soins des souverains de Saxe et de Brunswick. La Suède, dont les mines fournissent maintenant du fer à toute l’Europe, ignorait également ses trésors. À voir les armes des Germains, on jugera facilement qu’ils avaient peu de fer, puis-

  1. Tacite, Germ., 17.
  2. Tacite, Germ., 5.
  3. César, De bell. gall., VI, 21.
  4. Tacite, Germ., 26 ; César, VI, 22.