Aller au contenu

Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

spirer la soif de la gloire et le mépris de la mort ; et ces passions, enflammées par le bruit des armes et par la vue des dangers, devenaient le sentiment habituel de l’âme des Germains[1].

Causes qui ont arrêté les progrès des Germains.

Telles étaient la situation et les mœurs des Germains. Le climat, l’ignorance de ces barbares, qui ne connaissaient ni les lettres, ni les arts, ni les lois, leurs notions sur l’honneur, sur la bravoure et sur la religion, le sentiment qu’ils avaient de la liberté, leur inquiétude dans la paix, leur ardeur pour la guerre, tout contribuait à former un peuple de héros. Pourquoi, pendant les deux siècles et demi qui s’é-

    situations semblables produiront naturellement des mœurs semblables.

  1. Outre ces chants de guerre, les Germains chantaient dans leurs repas de fête (Tacite, Ann., l. I, c. 65), et auprès du cadavre des héros morts. Le roi Théodoric, de la tribu des Goths, tué dans une action contre Attila, fut honoré par des chants, tandis qu’on l’emportait du champ de bataille. (Jornandès, c. 41). Le même honneur fut rendu aux restes d’Attila. (Jornandès, c. 49.)
    Selon quelques historiens, les Germains chantaient aussi à leurs noces ; mais cela me paraît peu d’accord avec leurs coutumes, qui ne faisaient guère du mariage que l’achat d’une femme. D’ailleurs on n’en trouve qu’un seul exemple ; celui du roi goth Ataulphe, qui chanta lui-même l’hymne nuptial en épousant Placidie, sœur des empereurs Arcadius et Honorius (Olympiodor., p. 8) ; encore ce mariage fut-il célébré selon les rites des Romains, dont les chants faisaient partie. Adelung, Hist. anc. des Germains, p. 382. (Note de l’Éditeur).