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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/11

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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. XV.

vers : il est facile de la satisfaire par une réponse naturelle et décisive. Sans doute cette victoire est due à l’évidence convaincante de la doctrine elle-même et à la providence invariable de son grand auteur. Mais ne sait-on pas que la raison et la vérité trouvent rarement un accueil aussi favorable parmi les hommes ? Et puisque la sagesse de la Providence daigne souvent employer nos passions et les circonstances générales où se trouve le genre humain, comme des instrumens propres à l’exécution de ses vues, il peut aussi nous être permis de demander, avec toute la soumission convenable, non pas quelle fut la cause première des progrès rapides de l’Église chrétienne, mais quelles en ont été les causes secondes. Les cinq suivantes paraissent être celles qui ont favorisé son établissement de la manière la plus efficace. 1o. Le zèle inflexible, et, s’il nous est permis de le dire, intolérant des chrétiens ; zèle puisé, il est vrai, dans la religion juive, mais dégagé de cet esprit étroit et insociable, qui, loin d’inviter les gentils à embrasser la loi de Moïse, les en avait détournés. 2o. La doctrine d’une vie future, perfectionnée et accompagnée de tout ce qui pouvait donner du poids et de la force à cette vérité importante. 3o. Le don des miracles attribué à l’Église primitive. 4o. La morale pure et austère des fidèles. 5o. L’union et la discipline de la république chrétienne, qui forma par degrés, dans le sein de l’Empire romain, un état libre, dont la force devenait de jour en jour plus considérable.