Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/110

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seul don à l’Église romaine par un étranger du Pont, qui demandait à fixer sa résidence dans la capitale[1]. Ces offrandes, pour la plupart, consistaient en argent ; les chrétiens n’avaient ni le désir ni le pouvoir de se charger d’une acquisition un peu considérable en terres. Il avait été décidé par plusieurs lois, publiées dans le même esprit que nos règlemens concernant les gens de main-morte, que l’on ne pourrait donner ni léguer à une société formant corps dans l’état, aucun bien réel sans un privilége spécial ou sans une dispense particulière du sénat ou de l’empereur[2], et ceux-ci furent rarement disposés à favoriser une secte qui, après avoir été l’objet de leur mépris, avait enfin excité leur crainte et leurs soupçons. Cependant, un fait arrivé sous le règne d’Alexandre Sévère prouve que ces règlemens furent quelquefois éludés ou suspendus, et que les chrétiens eurent la permission de réclamer et de posséder une pièce de terre située dans les limites de Rome elle-même[3]. Les progrès du christianisme et les discordes civiles de l’empire contribuè-

  1. Tertullien, De præscriptione, c. 30.
  2. Dioclétien donna un rescrit qui n’est qu’une déclaration de l’ancienne loi : Collegium, si nullo speciali privilegio subnixum sit, hæreditatem capere non posse, dubium non est. Fra-Paolo (c. 4) pense que ces règlemens avaient été très-négligés depuis le règne de Valérien.
  3. Histoire Auguste, p. 131. Le terrain avait été public ; il était alors disputé entre la société des chrétiens et celle des bouchers.