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avec une froide indifférence les anciennes cérémonies, selon les lois et la coutume de leur patrie. Comme ils étaient livrés aux occupations ordinaires de la vie, il arrivait rarement que l’esprit ecclésiastique ou un sentiment d’intérêt animât leur zèle et leur dévotion. Bornés à leurs villes et à leurs temples respectifs, ils n’avaient entre eux aucun rapport de gouvernement ou de discipline ; et ces magistrats civils, en reconnaissant la juridiction suprême du sénat, du collége des pontifes et de l’empereur, se contentaient de la tâche facile qui leur avait été imposée, de soutenir en paix et avec dignité le culte établi dans l’état. Nous avons déjà remarqué combien les sentimens religieux du polythéiste étaient variés, vagues et incertains ; ils étaient abandonnés presque sans réserve aux opérations naturelles de son imagination superstitieuse. Les circonstances particulières de sa situation ou de sa vie déterminaient l’objet aussi-bien que le degré de sa dévotion ; et lorsqu’il prostituait ainsi son encens à une foule innombrable de dieux, il ne pouvait guère être susceptible d’une passion bien vive ou bien sincère pour quelqu’une de ces divinités.

Le scepticisme du monde païen devient favorable à la nouvelle religion.

Lorsque le christianisme parut sur la terre, ces impressions faibles et imparfaites avaient même déjà perdu une partie de leur ancien pouvoir. La raison

    Philippe l’Asiarque se conduisit dans le martyre de saint Polycarpe. Il y avait aussi des Bithyniarques, des Lyciarques, etc.