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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/128

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vons ajouter l’aveu, les plaintes et les alarmes des gentils eux-mêmes. Lucien, écrivain philosophe qui avait étudié les hommes, et qui a peint leurs mœurs avec les couleurs les plus vives, nous apprend que le Pont, son pays natal, était rempli, sous le règne de Commode, d’épicuriens et de chrétiens[1]. Quatre-vingts ans après la mort de Jésus-Christ[2], l’humanité de Pline le porte à déplorer la grandeur du mal qu’il s’est en vain efforcé de déraciner. Dans cette lettre curieuse, adressée à l’empereur Trajan, il assure que les temples sont presque déserts, que les victimes sacrées trouvent à peine des acheteurs, et que la superstition a non-seulement infecté les villes, mais qu’elle s’est aussi répandue dans les villages et dans les campagnes du Pont et de la Bithynie[3].

L’Église d’Antioche.

Sans vouloir peser avec une exactitude scrupuleuse les expressions et les motifs des écrivains qui ont célébré ou déploré les progrès du christianisme en Orient, nous observerons en général que l’on ne

  1. Lucien, in Alexandro, c. 25. Le christianisme cependant doit avoir été répandu très-inégalement dans le Pont, puisqu’au milieu du troisième siècle il n’y avait pas plus de dix-sept fidèles dans le diocèse étendu de Néo-Césarée. Voyez M. de Tillemont, Mém. ecclésiast., tom. 4, p. 675. Cette particularité est tirée de saint Basile et de saint Grégoire de Nysse, qui étaient eux-mêmes natifs de Cappadoce.
  2. Selon les anciens, Jésus-Christ souffrit la mort sous le consulat des deux Geminus, en l’année 29 de notre ère. Pline (selon Pagi) fut envoyé en Bithynie dans l’année 110.
  3. Lettres de Pline, X, 97.