Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/184

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2o. Cependant Tacite n’était né probablement que quelques années avant l’incendie de Rome[1], et ne pouvait connaître que par la lecture et par la conversation un fait arrivé dans son enfance. Avant de se montrer en public, il attendit tranquillement que son génie fût parvenu à toute sa maturité ; et il avait plus de quarante ans, lorsqu’un tendre respect pour la mémoire du vertueux Agricola lui arracha la première de ces productions historiques qui feront les délices et l’instruction de la postérité la plus reculée. Dès qu’il eut essayé ses forces dans la vie de son beau-père et dans la description de la Germanie, il conçut et il exécuta enfin un ouvrage plus difficile, l’histoire de Rome en trente livres, depuis la chute de Néron jusqu’à l’avènement de Nerva : l’administration du dernier de ces princes ramenait un âge de justice et de prospérité, dont Tacite réservait le tableau pour l’occupation de sa vieillesse[2]. Mais lorsqu’il eut envisagé son sujet de plus près, jugeant peut-être qu’il était à la fois plus honorable et moins dangereux de décrire les vices des tyrans qui n’existaient plus, que de célébrer

    anc. et mod., tom. VII, p. 287, 288) d’un critique anonyme, qui est, je crois, le savant abbé de Longuerue.

  1. Voyez la Vie de Tacite par Juste-Lipse et par l’abbé de La Bléterie ; le Dictionnaire de Bayle à l’article Tacite, et la Bibliothéque latine de Fabricius, t. II, p. 386, éd. Ernest.
  2. Principatum divi Nervæ, et imperium Trajani, uberiorem securioremque materiam senectuti seposui. Tacite, Hist., I.