Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/19

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de promptitude les traditions de ses premiers pères, que les témoignages de ses propres sens[1].

Leur religion plus propre à se défendre qu’à faire des conquêtes.

La religion juive renfermait tout ce qui pouvait servir à sa défense ; mais elle n’était point destinée à faire des conquêtes ; et probablement le nombre des prosélytes ne surpassa jamais beaucoup celui des apostats. Les promesses divines avaient été originairement faites à une seule famille ; c’était à elle qu’avait été prescrite la pratique distinctive de la circoncision. Lorsque la postérité d’Abraham eut multiplié comme les sables de la mer, la divinité qui lui avait dicté de sa bouche un système de lois et de cérémonies, se déclara le dieu propre, et en quelque sorte national d’Israël ; et elle parut toujours extrêmement jalouse de séparer son peuple favori d’avec le reste des hommes. La conquête de la terre de Chanaan fut accompagnée de tant de circonstances merveilleuses, et d’une si grande effusion de sang, que les Juifs restèrent dans un état d’inimitié irréconciliable avec tous leurs voisins. Les vainqueurs avaient reçu ordre d’exterminer quelques-unes des tribus les plus idolâtres : les faiblesses de l’humanité retardèrent rarement l’exécution des volontés de l’Être-Suprême. Les mariages et les alliances avec les autres nations ne leur étaient pas permis. Ils ne pouvaient recevoir les étrangers dans la congrégation ;

  1. « Usquequò detrahet mihi populus iste ? quousque non credent mihi ; in omnibus signis quæ feci coram cis : » (Nomb., c. 14, v. II). Il serait facile, mais il serait peu convenable, de justifier, par le récit de Moïse, les reproches de la divinité.