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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/192

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suadèrent bientôt qu’ils n’avaient ni le désir, ni le pouvoir de troubler la paix de l’empire. Ils avouèrent de bonne foi qu’ils descendaient des anciens rois de la Palestine, et qu’ils étaient proches parens du Messie ; mais, renonçant à toute vue temporelle, ils déclarèrent que le royaume dont ils attendaient pieusement la possession, était d’une nature purement spirituelle et angélique. Lorsqu’on les interrogea sur leur fortune et sur leurs occupations, ils montrèrent leurs mains endurcies par des travaux journaliers, et ils protestèrent qu’ils tiraient toute leur subsistance de la culture d’une ferme qui, située près du village de Cocaba, avait environ trente-neuf πλεθρα (vingt-quatre acres anglaises) d’étendue[1], et dont le produit se montait à neuf mille dragmes, environ trois cents livres sterl. Les petits-fils de saint Jude furent renvoyés avec compassion et avec mépris[2].

Exécution du consul Clémens.

L’obscurité de la maison de David pouvait la mettre à l’abri des soupçons d’un tyran ; mais le lâche Domitien, toujours prêt à répandre le sang de ceux des Romains qu’il craignait, qu’il haïssait, ou qu’il estimait, fut alarmé de la grandeur de sa propre

  1. Trente-neuf ϖλεθρα carrés, de cent pieds chacun, ce qui serait à peine neuf acres, en prenant cette mesure à la rigueur. Mais la probabilité des circonstances, la pratique des autres écrivains grecs et l’autorité de M. de Valois, me portent à croire qu’il faut entendre ici par ϖλεθραν le jugerum des Romains.
  2. Eusèbe, III, 20. Cette histoire est prise d’Hégésippe.