Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nière décisive qu’ils étaient Juifs ; et les magistrats romains n’avaient pas assez de loisir pour examiner la différence de leurs dogmes religieux. Au milieu des chrétiens qui furent amenés devant le tribunal de l’empereur, ou, ce qui semble plus probable, devant celui du procurateur de la Judée, on vit paraître deux personnes distinguées par une naissance plus véritablement noble que celle des plus grands monarques. Ces accusés étaient les petits-fils de l’apôtre saint Jude, qui était lui-même frère de Jésus-Christ[1]. Leur droit naturel au trône de David aurait pu leur attirer le respect du peuple et exciter la jalousie du gouverneur. Mais la bassesse de leur extérieur et la simplicité de leurs réponses lui per-

    le tribunal du procurateur. C’est ce que Martial appelle mentula tributi damnata.

  1. Cette dénomination fut d’abord prise dans le sens le plus ordinaire ; et l’on supposa que les frères de Jésus-Christ étaient les enfans légitimes de Joseph et de Marie. Un respect religieux pour la virginité de la mère de Dieu, suggéra aux gnostiques, et dans la suite aux Grecs orthodoxes, l’expédient de donner une seconde femme à saint Joseph. Les Latins (depuis le temps de saint Jérôme) ont encore été plus loin : prétendant que saint Joseph garda toujours le célibat, ils ont avancé que saint Jude, aussi-bien que saint Simon et saint Jacques, qui étaient appelés les frères de Jésus-Christ, étaient seulement ses cousins-germains ; et ils ont justifié cette nouvelle interprétation par plusieurs exemples semblables. Voyez Tillemont, Mémoir. ecclésiast., t. I, part. 3 ; et Beausobre, Histoire critique du Manichéisme, l. II, c. 2.