Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/211

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écrite avec une sincérité et une impartialité peu ordinaires ; nous en rapporterons les circonstances les plus intéressantes, persuadés qu’elles donneront les plus grands éclaircissemens sur l’esprit et sur la forme des persécutions des Romains[1].

Il est exilé. A. D. 257.

Sous le troisième consulat de Valérien et le quatrième de Gallien, saint Cyprien eut ordre de se rendre dans la chambre du conseil privé de Paternus, proconsul d’Afrique. Ce magistrat lui fit part de l’ordre impérial qu’il venait de recevoir[2], et par lequel il était enjoint à tous ceux qui avaient abandonné la religion romaine, de reprendre immédiatement la pratique des cérémonies de leurs ancêtres. Saint Cyprien répliqua qu’il était chrétien et évêque, et qu’il resterait attaché au culte du Dieu véritable et unique qu’il priait tous les jours pour la sûreté et

  1. Nous avons une vie originale de saint Cyprien, faite par le diacre Pontius, qui l’accompagna dans son exil, et qui assista à sa mort. Nous possédons aussi les anciens actes proconsulaires de son martyre. Ces deux relations s’accordent l’une avec l’autre ; elles paraissent toutes les deux vraisemblables ; et, ce qui est en quelque sorte remarquable, elles ne sont défigurées par aucune circonstance miraculeuse.
  2. Il semblerait que l’on avait envoyé dans le même temps des ordres circulaires à tous les gouverneurs. Saint Denys (ap. Euseb., l. VII, c. 11) rapporte, presque de la même manière, l’histoire de son bannissement, lorsqu’il fut obligé de sortir d’Alexandrie. Mais comme il échappa, et qu’il survécut à la persécution, nous devons le trouver plus ou moins heureux que saint Cyprien.