Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/212

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pour la prospérité des deux empereurs ses légitimes souverains. Réclamant avec une confiance modeste le privilége d’un citoyen, il refusa de répondre à quelques questions captieuses et même illégales, que lui avait adressées le proconsul. Saint Cyprien fut condamné au bannissement comme coupable de désobéissance. On le mena sans délai à Curubis, ville libre et maritime de la Zeugitane, agréablement située dans un terrain fertile, et à quarante milles environ de Carthage[1]. L’évêque exilé y jouissait de toutes les commodités de la vie et de la conscience de sa vertu. Sa réputation était répandue en Afrique et en Italie. On publia une relation de sa conduite pour l’édification du monde chrétien[2], et sa solitude fut souvent interrompue par les lettres, les visites et les félicitations des fidèles. À l’arrivée d’un nouveau proconsul dans la province, la fortune parut, pendant quelque temps, encore plus favorable à saint Cyprien, il fut rappelé de l’exil ; et quoi-

  1. Voyez Pline, Hist. nat., V, 3 ; Cellarius, Géog. anc., part. III, p. 96 ; Voyages de Shaw, p. 98 ; et pour le pays adjacent (qui est terminé par le cap Bona ou promontoire de Mercure), voyez l’Afrique de Marmol., t. II, p. 474. Il existe des restes d’un aqueduc près de Curubis ou Curbis, changé aujourd’hui en Gurbes ; et le docteur Shaw a lu une inscription où cette ville est nommée Colonia Fulvia. Le diacre Pontius (Vie de saint Cyprien, c. 12) l’appelle Apricum et competentem locum, hospitium pro voluntate secretum, et quidquid apponi eis antè promissum est, qui regnum et justitiam Dei quærunt.
  2. Voyez saint Cyprien, epis. 77, édit. Fell.