Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/219

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fessé publiquement la foi ; après être sortis de leurs prisons, ces chrétiens obtenaient les honneurs que méritaient leur martyre imparfait et leur généreuse résolution. Les femmes pieuses sollicitaient la permission d’appliquer leurs bouches sur les fers qu’ils avaient portés, sur les blessures qu’ils avaient reçues. Leurs personnes étaient réputées sacrées, leurs décisions admises avec déférence. Ils n’abusèrent que trop souvent, par leur orgueil spirituel et par leurs mœurs licencieuses, de la prééminence qu’ils devaient à leur zèle et à leur intrépidité[1]. En faisant con-

  1. Saint Cyprien, epist. 5, 6, 7, 22, 24, et le Traité de Unitate Ecclesiæ (*). Le nombre des prétendus martyrs a été fort multiplié par la coutume qui s’introduisit de donner aux confesseurs ce nom honorable.
    (*) Les lettres de saint Cyprien auxquelles renvoie Gibbon, ne prouvent pas ce qu’il dit sur l’orgueil spirituel et les mœurs licencieuses des confesseurs. Dans la cinquième lettre, écrite pendant sa retraite, saint Cyprien exhorte les diacres et les prêtres à le remplacer, à ne pas permettre que les confesseurs ou les pauvres manquent de quelque chose, et à visiter les premiers dans leur prison. Dans la sixième, adressée à Sergius, à Rogatianus et à d’autres confesseurs, il les encourage au martyre, et se plaint de ne pas être avec eux pour baiser ces mains si pures, ces lèvres qui ont glorifié le Seigneur. Il leur dit qu’il faut mépriser toutes les souffrances de cette vie, dans l’espoir d’une gloire éternelle, etc. La septième est adressée à ses diacres et à ses prêtres ; il les exhorte, en peu de mots, à secourir tous les pauvres. La vingt-deuxième est de Lucianus à Celerinus ; elle est écrite avec la plus grande modestie : Lucianus s’y dit indigne des éloges de son ami, et s’afflige avec lui de la mort de ses sœurs, victimes de la persécution. La vingt-quatrième est de Caldonius à saint Cyprien et aux prêtres de Carthage, pour les consulter sur la réadmission de ceux qui sont tombés en faute. Ce n’est que dans le Traité de Unitate Ecclesiæ que l’on trouve des reproches faits aux confesseurs. (Note de l’Éditeur.)