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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/232

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une distinction particulière plusieurs personnes de l’un et de l’autre sexe, qui avaient embrassé la nouvelle religion. La nourrice et le précepteur de Caracalla étaient chrétiens ; et si ce jeune prince montra jamais quelque sentiment d’humanité, ce fut dans une circonstance peu intéressante en elle-même, mais qui avait rapport à la cause du christianisme[1]. Sous le règne de Sévère, la fureur de la populace fut réprimée, et la rigueur des anciennes lois suspendue pendant quelque temps. Les gouverneurs des provinces se contentèrent d’un présent annuel, que les églises de leurs districts leur donnaient, comme le prix ou comme la récompense de leur modération[2]. La dispute qui s’éleva au sujet du temps précis où l’on devait célébrer la fête de Pâques, arma les évêques de l’Italie et de l’Asie les uns contre les autres ; et il ne se passa point d’événement plus important dans cette période de repos et de tranquillité[3]. Enfin, la paix de l’Église ne fut interrompue que lorsque le nombre, sans cesse augmentant, des pro-

  1. Comparez la vie de Caracalla dans l’Histoire Auguste, avec la lettre de Tertullien à Scapula. Le docteur Jortin (Remarques sur l’Hist. ecclés., vol. II, p. 5, etc.), en examinant l’effet de l’huile sainte sur la maladie de Sévère, a le plus fort désir de convertir en miracle la guérison de ce prince.
  2. Tertullien, De fuga, c. 13. Le présent fut fait durant la fête des Saturnales ; et Tertullien voit avec peine que la société des fidèles soit confondue avec les professions les plus infâmes, qui achetaient la connivence du gouvernement.
  3. Eusèbe, l. V, c. 23, 24 ; Mosheim, p. 435, 447.