Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/246

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d’enthousiasme, il eut toujours un respect d’habitude pour les anciennes divinités de l’empire. Mais le loisir dont jouissaient les deux impératrices, Prisca, sa femme, et sa fille Valérie, leur permit de recevoir avec plus d’attention et de déférence les vérités du christianisme, auquel, dans tous les siècles, la dévotion des femmes a rendu des services si importans[1]. Les principaux eunuques, Lucien[2] et Dorothée, Gorgonius et André, qui, accompagnant la personne de Dioclétien, possédaient sa faveur et gouvernaient sa maison, protégèrent, par leur influence puissante, la foi qu’ils avaient embrassée. Leur exemple fut imité par un grand nombre des officiers les plus considérables du palais, chargés, chacun selon son emploi, du soin des ornemens, des habits, des bijoux, des meubles et même du trésor particulier ; et, quoiqu’ils fussent quelquefois obligés de suivre l’empereur lorsqu’il allait sacrifier dans le temple[3], ils jouissaient, avec leurs femmes, leurs enfans et leurs esclaves, du libre exer-

  1. L’expression de Lactance (De mort. pers., c. 15), sacrificio pollui coegit, suppose qu’elles avaient été auparavant converties à la foi ; mais elle ne paraît pas justifier cette assertion de Mosheim (p. 912), qu’elles avaient été secrètement baptisées.
  2. M. de Tillemont (Mém. eccl., t. V, part. I, p. 11, 12) a tiré du spicileg. de Dom. Luc d’Acheri, une instruction très-curieuse, que l’évêque Théonas composa pour l’usage de Lucien.
  3. Lactance, De morte. persec., c. 10.