Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/268

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une suite d’édits cruels, son intention d’abolir le nom chrétien. Le premier de ces édits enjoignait aux gouverneurs des provinces de faire arrêter tous les ecclésiastiques ; et les prisons destinées aux plus vils criminels furent remplies d’une multitude d’évêques, de prêtres, de diacres, de lecteurs et d’exorcistes. En vertu d’un second édit, le magistrat eut ordre d’employer tous les moyens de sévérité qui pouvaient les faire renoncer à leur odieuse superstition et les ramener au culte des dieux. Cette rigueur s’étendit, par un troisième édit, au corps entier des chrétiens, qui se trouvèrent exposés à une persécution générale et violente[1]. Au lieu de ces restric-

    velles persécutions ; peut-être la superstition ou un respect apparent pour ses ministres en fut-il la source. L’oracle d’Apollon, consulté par Dioclétien, ne rendit point de réponse, et dit que les hommes justes l’empêchaient de parler. Constantin, qui assistait à la cérémonie, affirme avec serment, qu’interrogé sur ces hommes, le grand-prêtre nomma les chrétiens. « L’empereur saisit avidement cette réponse, et tira contre des innocens un glaive destiné à punir des coupables : il rendit sur-le-champ de sanglans édits, écrits, si je puis me servir de cette expression, avec un poignard, et il ordonna aux juges d’employer toute leur adresse à intenter de nouveaux supplices. » (Eusèbe, Vie de Constant., l. II, c. 51.) (Note de l’Éditeur.)

  1. Voyez Mosheim, p. 938. Le texte d’Eusèbe montre clairement que les gouverneurs, dont les pouvoirs avaient été augmentés et non pas restreints par les nouvelles lois, pouvaient punir de mort les chrétiens les plus opiniâtres, pour donner un exemple à leurs frères.