Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/274

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reconnaissance et sur leur affection ; il présumait naturellement que les maux dont ils avaient été accablés, et les dangers qu’ils avaient encore à redouter de son plus implacable ennemi, lui assureraient la fidélité d’un parti déjà considérable par le nombre et par l’opulence de ses membres[1]. La conduite même de Maxence envers les évêques de Rome et de Carthage peut être regardée comme une preuve de sa tolérance, puisque les princes les plus orthodoxes auraient vraisemblablement adopté les mêmes mesures à l’égard du clergé de leurs états. Marcellus, le premier de ces prélats, avait mis la capitale en combustion par une pénitence sévère, imposée à un grand nombre de chrétiens, qui, durant la dernière persécution, avaient abjuré ou dissimulé leur foi. La rage des factions éclata par des séditions fréquentes et cruelles. Les fidèles trempèrent leurs mains dans le sang les uns des autres ; enfin l’exil de Marcellus, prélat, à ce qu’il semble, moins prudent que zélé, parut, après tant d’agitations, le seul moyen capable de rendre la paix à l’Église de Rome[2]. La conduite

    religion (περι το‌υ τροπο‌υ των της ευσεβειας εχθρων), indique clairement ce que fut Maxence. (Note de l’Éditeur.)

  1. Eusèbe, l. VIII, c. 14. Mais comme Maxence fut vaincu par Constantin, il entrait dans les vues de Lactance de placer sa mort parmi celles des persécuteurs.
  2. On peut voir l’épitaphe de Marcellus dans Gruter, Inscript., p. 1172, no 3 ; elle contient tout ce que nous savons de son histoire. Plusieurs critiques ont supposé que Marcellin et Marcellus, dont les noms se suivent dans la