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Plan d’une nouvelle capitale. A. D. 314.

Après la défaite et l’abdication de Licinius, son rival victorieux posa les fondemens d’une ville destinée à devenir un jour la maîtresse de l’Orient, et à survivre à l’empire et à la religion de son fondateur. Les motifs, soit d’orgueil, soit de politique, qui avaient engagé Dioclétien à s’éloigner le premier de la capitale de l’empire, avaient acquis un nouveau poids par l’exemple de ses successeurs, et quarante années d’habitude. Rome se trouvait insensiblement confondue avec ces états soumis qui avaient autrefois reconnu sa souveraineté ; et la patrie des Césars n’inspirait qu’une froide indifférence à un prince guerrier, né sur les rives du Danube, élevé dans les cours ou dans les armées d’Asie, et revêtu de la pourpre par les légions de la Bretagne. Les Italiens, qui avaient regardé Constantin comme leur libérateur, obéirent avec soumission aux édits qu’il daigna quelquefois adresser au sénat et au peuple de Rome ; mais ils eurent rarement l’honneur de posséder leur souverain. Tant que la vigueur de son âge le lui permit, Constantin, selon les différens besoins de la paix ou de la guerre, visita successivement les frontières de ses vastes états, soit avec une lenteur pleine de dignité, soit avec l’appareil imposant de la rapidité la plus active, et se tint toujours prêt à entrer en campagne contre ses ennemis étrangers et domestiques. Mais, enfin parvenu au faîte de sa prospérité et au déclin de sa vie, il conçut le dessein de fixer dans une résidence moins variable la force et la majesté du trône. Dans le choix d’une situation