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piatoires, semés avec profusion sur ses rochers et sur ses bords, attestaient les terreurs, l’ignorance et la dévotion des navigateurs de la Grèce, qui, à l’exemple des Argonautes, allaient à la découverte des routes dangereuses du Pont-Euxin et de ses rives inhospitalières. La tradition a long-temps conservé la mémoire du palais de Phinée, infesté par les dégoûtantes harpies[1] ; et celle du règne d’Amycus-le-Sylvain[2], qui proposa le combat du ceste au fils

    du seizième siècle. Tournefort (lettre XV) paraît s’être servi, et de ce qu’il a vu et de l’érudition de Gyllius.

  1. Le Clerc (Biblioth. univ., t. I, p. 248) suppose que les harpies n’étaient que des sauterelles, et il n’y a guère de conjecture plus heureuse. Le nom de ces insectes dans la langue syriaque et phénicienne, leur vol bruyant, l’infection et la dévastation qui les accompagnent, et le vent du nord qui les chasse dans la mer, rendent sa supposition très-vraisemblable.
  2. Amycus régnait dans la Bébrycie, depuis appelée Bithynie ; il était l’inventeur des cestes dont on se servait au pugilat. (Clément d’Alexandrie, Stromates, l. I, p. 363.) « Quand les Argonautes abordèrent à son royaume, il se présenta au vaisseau pour demander si quelqu’un voulait se mesurer avec lui. Pollux accepta le défi, et le tua en le frappant sur le cou. (Bibliothéque d’Apollodore, l. I, §. 20, version de M. Clavier.) Épicharme et Pisandre disaient que Pollux n’avait point tué Amycus, mais s’était contenté de le lier ; et c’est ainsi qu’il est représenté sur un vase funéraire publié par Winckelman. (Hist. de l’Ar., pl. 18, édit. de 1789, in-8o.) Théocrite, qui raconte ce combat dans le plus grand détail (id. 22), dit que Pollux ne le tua point, mais lui fit prêter le serment de ne plus maltraiter les étran-