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Les gnostiques.

Tandis que l’Église orthodoxe gardait un juste milieu entre une vénération excessive et un mépris déplacé pour la loi de Moïse, les divers hérétiques prenaient les extrêmes opposés, et s’égaraient également dans les routes de l’erreur et de l’extravagance. La vérité reconnue de la religion juive avait persuadé aux ébionites qu’elle ne pouvait jamais être abolie ; ses imperfections prétendues donnèrent naissance à l’opinion non moins téméraire des gnostiques, qu’elle n’avait jamais été instituée par la sagesse de Dieu. Il est contre l’autorité de Moïse et des prophètes quelques objections qui se présentent trop facilement à l’esprit sceptique, quoique elles n’aient pour principe que notre ignorance sur une antiquité reculée, et la faiblesse de notre esprit incapable de se former une idée juste de l’économie divine. C’était sur ces objections que s’appuyait la vaine science des gnostiques[1], et qu’ils insistaient vivement. Ennemis, pour la plupart, des plaisirs des sens, ces hérétiques censuraient avec aigreur la po-

    qu’ils observaient le sabbat et qu’ils avaient aussi des mets défendus, en imitation des Juifs, qui, dans un temps très-reculé, étaient établis des deux côtés de la mer Rouge. Les plus anciens Éthiopiens ont pratiqué la circoncision par des motifs de santé et de propreté, qui semblent expliqués dans les Recherches philosophiques sur les Américains, t. II, p. 117.

  1. Beausobre (Hist. du Manichéisme, l. I, c. 3) a rendu compte, avec la plus savante impartialité, de leurs objections, et particulièrement de celles de Faustus, l’adversaire de saint Augustin.