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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/33

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lygamie des patriarches, les galanteries de David et le sérail de Salomon. Comment concilier, disaient-ils, la conquête de la terre de Chanaan, et la destruction d’un peuple sans défiance avec les notions communes de la justice et de l’humanité ? Lorsqu’ils jetaient ensuite les yeux sur la liste sanguinaire de meurtres, d’exécutions et de massacres qui souillent presque à chaque page les annales des Juifs, ils reconnaissaient que les Barbares de la Palestine n’avaient pas eu plus de compassion pour leurs amis et pour leurs compatriotes, que pour leurs ennemis idolâtres[1]. Passant ensuite des sectateurs de la loi à la loi elle-même, ils prétendaient qu’une religion qui consistait seulement en sacrifices sanglans, en cérémonies puériles, et dont toutes les punitions et toutes les récompenses étaient temporelles, ne pouvait ni inspirer l’amour de la vertu, ni réprimer l’impétuosité des passions. Les gnostiques s’efforçaient de jeter un ridicule sur la narration de l’écrivain sacré, lorsqu’il décrit la création du monde et la chute de l’homme ; ils traitaient avec une dérision profane le repos de la divinité après six jours de travail, la côte d’Adam, le jardin d’Éden, les arbres de la vie et de la science, le serpent parlant, le fruit défendu, et la condamnation éternelle prononcée

  1. Apud ipsos fides obstinata, misericordia in promptu : adversus omnes alios hostile odium. Tac., Hist., V, 4. Certainement Tacite a vu les Juifs d’un œil trop favorable. La lecture de Josèphe aurait pu détruire l’antithèse.