Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/367

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peu de chose ; et quand sept légions, avec quelques auxiliaires, défendirent la ville d’Amida contre les Perses, tout ce qui se trouvait renfermé dans la place, en joignant à la garnison les habitans des deux sexes et les paysans qui avaient déserté la campagne, n’excédait pas le nombre de vingt mille individus[1]. D’après ce fait et quelques autres du même genre, il y a lieu de croire que la constitution des troupes légionnaires, à laquelle elles devaient en partie leur valeur et leur discipline, fut changée par Constantin, et que les bandes d’infanterie romaine qui en retinrent le nom et les honneurs, n’étaient plus composées que de mille à quinze cents hommes[2]. On pouvait aisément arrêter les complots de ces détachemens séparés, que le sentiment de leur faiblesse particulière rendait timides et incertains ; et les successeurs de Constantin pouvaient satisfaire leur goût pour l’ostentation par le plaisir illusoire de commander à cent trente-deux légions inscrites sur l’état de leur nombreuse armée. Le reste de leurs troupes était divisé, l’infanterie en cohortes, et la cavalerie en escadrons : leurs armes, leurs noms et leurs enseignes tendaient à inspirer la terreur, et à faire distinguer les différentes nations qui marchaient sous les drapeaux de l’empire.

  1. Ammien, l. XIX, c. 2. Il observe (c. 5) que les sorties désespérées de deux légions de la Gaule produisirent l’effet de quelques gouttes d’eau jetées sur un grand incendie.
  2. Pancirole, ad Notitiam, p. 96 ; Mém. de l’Académ. des inscript., t. XXV, p. 481.