Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/407

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constances tendant à adoucir le malheur de leur condition. L’irruption menaçante des Barbares qui détruisirent les fondemens de la grandeur romaine, était encore arrêtée ou repoussée sur les frontières. Les sciences et les arts étaient cultivés, et les habitans d’une grande partie du globe jouissaient des plaisirs délicats de la société. La forme, la pompe et la dépense de l’administration civile, contribuaient à contenir la licence des soldats ; et quoique les lois fussent souvent ou violées par le despotisme, ou corrompues par l’artifice, les sages principes de la jurisprudence romaine maintinrent un fond d’ordre et d’équité inconnu aux gouvernemens absolus de l’Orient. Les droits de l’homme trouvaient encore quelques secours dans la religion et la philosophie ; et l’antique nom de liberté, qui n’alarmait plus les successeurs d’Auguste, pouvait encore leur rappeler que tous leurs sujets n’étaient pas des esclaves ou des Barbares[1].



  1. Théodose-le-Grand, dans les conseils judicieux qu’il donne à son fils (Claudien, in quarto consulatu Honorii, 214, etc.), distingue l’état d’un prince romain de celui d’un monarque des Parthes. L’un avait besoin de mérite, et la naissance pouvait suffire à l’autre.