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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/412

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règne fut plutôt une période de fausse grandeur qu’un temps de véritable prospérité ; et sa vieillesse fut avilie par l’avarice et par la prodigalité, vices opposés, et qui cependant marchent quelquefois ensemble. Les trésors immenses trouvés dans les palais de Maxence et de Licinius furent follement prodigués ; et les différentes innovations qu’introduisit le conquérant multiplièrent les dépenses. Les bâtimens, les fêtes, la pompe de la cour, exigeaient des ressources puissantes et continuelles, et l’oppression du peuple était l’unique fonds qui pût fournir à la magnificence de l’empereur[1]. Ses indignes favoris, enrichis par son aveugle libéralité, usurpaient avec impunité le privilége de piller et d’insulter les citoyens[2]. Un relâchement secret, mais universel, se faisait sentir dans toutes les parties de l’administration ; et l’empereur lui-même, toujours assuré de l’obéissance de ses sujets, perdait par degrés leur estime. L’affectation de parure, et

  1. Julien, orat. 1, p. 8 (ce discours flatteur fut prononcé devant le fils de Constantin) ; et les Césars, p. 335 ; Zosime, p. 114, 115. Les magnifiques bâtimens de Constantinople, etc. peuvent être cités comme une preuve incontestable de la profusion de celui qui les éleva.
  2. L’impartial Ammien mérite toute notre confiance. Proximorum fauces aperuit primus omnium Constantinus, l. XVI, c. 8. Eusèbe lui-même convient de cet abus (Vit. Constant., l. IV, c. 29, 54), et quelques-unes des lois impériales en indiquent faiblement le remède. Voy. la note 2 de la page 347, et les notes 2 et 3 de la page 348 du chapitre précédent.