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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/416

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cette race nombreuse et fertile fut réduite à Constance et à Julien, qui avaient seuls survécu à une suite de crimes et de calamités comparables à ce qu’ont offert aux poètes tragiques les races dévouées de Pélops et de Cadmus.

Vertus de Crispus.

Crispus, le fils aîné de Constantin, et l’héritier présomptif de l’empire, est représenté par les écrivains exempts de partialité, comme un jeune prince aimable et accompli. Le soin de son éducation, ou du moins de ses études, avait été confié à Lactance, le plus éloquent des chrétiens. Un tel précepteur était bien propre à former le goût et à développer les vertus de son illustre disciple[1]. À l’âge de dix-sept ans, Crispus fut nommé César, et on lui confia le gouvernement des Gaules, où les invasions des Germains lui donnèrent de bonne heure les occasions de signaler ses talens militaires. Dans la guerre civile qui éclata bientôt après, le père et le fils partagèrent le commandement ; et j’ai déjà célébré dans cette histoire la valeur et l’intelligence que déploya Crispus en forçant le détroit de l’Hellespont, que défendait avec tant d’obstination la flotte supérieure de Licinius. Cette victoire navale contribua à déterminer l’événement de la guerre. Les joyeuses accla-

  1. Saint Jérôme, in Chron. La pauvreté de Lactance doit tourner à la louange du désintéressement du précepteur, ou à la honte de l’insensibilité de son patron. Voyez Tillemont, Mém. ecclésiast., tom. VI, part. I, p. 345 ; Dupin, Bibliothéque ecclésiast., tom. I, p. 205 ; Lardner, Credibil. of the gospel history, part. 2, vol. VII, p. 66.