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lui-même les dépositions, et qu’il se chargera du soin de la vengeance, il finit d’un ton qui laisse voir quelque crainte, par prier l’Être suprême de protéger l’empereur, et de détourner les dangers qui menacent l’empire[1].

Disgrâce et mort de Crispus. A. D. 326. Juillet.

Ceux des délateurs qui s’empressèrent d’obéir à cette invitation étaient trop initiés dans les mystères de la cour pour ne pas choisir les coupables parmi les créatures et les amis de Crispus. L’empereur tint religieusement la parole qu’il avait donnée d’en tirer une vengeance complète. Sa politique l’engagea cependant à conserver l’extérieur de la confiance et de l’amitié avec un fils qu’il commençait à regarder comme son plus dangereux ennemi. On frappa les médailles ordinaires ; elles exprimaient des vœux pour le règne long et prospère du jeune César[2]. Le peuple, étranger aux secrets du palais, admirait ses vertus et respectait son rang. On voit un poète exilé, qui sollicitait son rappel, invoquer avec une égale vénération la majesté du père et celle de son digne fils[3]. On était alors au moment de célébrer l’auguste cérémonie de la ving-

  1. Cod. Théodos., l. IX, tit 4. Godefroy soupçonne les motifs secrets de cette loi. Comment., tom. III, p. 9.
  2. Ducange, Fam. byzant., page 28 ; Tillemont, t. IV, page 610.
  3. Ce poète s’appelait Porphyrius-Optatianus. La date de ce panégyrique, écrit en plats acrostiches, selon le goût du siècle, est déterminée par Scaliger, ad Euseb., p. 250, par Tillemont, tom. IV, page 607, et Fabricius, Biblioth. lat., l. IV, c. 1.